Partie 2
Vladimir Alekseyevitch Kotchetkov
Détachement Stalingrad en Lorraine
Partie 2
Deuxième édition
Correcteur : Hervé Dupuy
© 2015 T&V Media
5. Bataillon Inter-allié des FTP
5.1. Le maquis de Haïk Ter-Dpirian
5.1.1. Le 23 juin 1945, le juge d’instruction Durat près la Cour de Justice de Meurthe-et-Moselle délivra une commission rogatoire permettant à l’inspecteur de police judiciaire, Jacques de Nonancourt, d’interroger 22 personnes entre le 17 juillet et le 16 août.[1] Dans leurs témoignages figurent des informations sur la création et l’activité du maquis de Haïk Ter-Dpirian, informations qui sont complétées, dans ce chapitre, par d’autres documents d’archives.
Marthe Simon, née Pierre, une habitante de Trondes, reçut la visite de « Hardy » (Haïk Ter-Dpirian) et d’un Russe en mars 1944. Ils parlèrent des difficultés qu’ils éprouvaient à se ravitailler et lui demandèrent de les aider. Dans la mesure du possible, elle leur donna à manger.[2]
Juliette Cadamuro, qui demeurait à Boucq, raconta qu’elle avait commencé à ravitailler des prisonniers russes évadés dans l’hiver 1943-1944. Après avoir appris de « Hardy » l’existence de son maquis qui comprenait d’anciens prisonniers russes, elle et sa fille se consacrèrent à les nourrir. Le commandant « Brunetto » (Lario Plinio), chef de « Hardy », descendait quelquefois dans cette maison. Elle avait à son service une jeune fille de l’Assistance publique Marie-Thérèse Ory, qui assura la liaison entre le commandant « Brunetto » et « Hardy ».[3]
Selon le colonel « Baudouin » (René Camphin), commandant national des FTP, Haïk Ter-Dpirian ne devint chef de son propre maquis que le 15 avril 1944.[4] Il avait donc pris contact avec Marthe Simon et Juliette Cadamuro alors qu’il était encore membre du détachement Stalingrad.
5.1.2. En mai 1944, Mohammed ben Lhacen, d’origine marocaine, reçut « Hardy » chez lui à Trondes et ils eurent une conversation en arabe. Environ un mois plus tard, sa femme Paulette, née Dumas, apprit que « Hardy » s’occupait d’organiser un maquis dans la région.[5] Léon Thenot écrivit qu’au début de juin 1944, il rejoignait le maquis FTP de Boucq qui était en train de se former. Le chef de ce maquis était le capitaine « Hardy » (Haïk Ter-Dpirian).[6]
5.1.3. Gilbert Baudin, membre du comité directeur de la section FFI de Foug[7], écrivit sur le maquis de Boucq :
« Ce maquis n’a été vraiment connu du public qu’au cours de l’année 1944, c’est-à-dire au moment où con effectif s’étant augmenté de divers éléments puisés dans la jeunesse de Boucq même, il lui était impossible de rester ignoré de toute la population de Boucq et même des environs.
Au début, il s’est ravitaillé presque uniquement chez les habitants de Boucq au moyen de prélèvements amiables contre paiement et par des dons effectués par les particuliers.
Mais rapidement et surtout depuis le débarquement du 6 Juin 1944, il s’est signalé un peu partout par des prélèvements « forcés », souvent sous la menace des armes, chez des collaborateurs, ou prétendus tels, puis chez des personnes qui, après avoir eu la confiance de maquis, l’avait perdue pour des raisons vagues, semblant surtout reposer des « ragots de village », ce qui s’explique d’autant mieux que des jeunes gens du village étaient devenus membres actifs du « maquis », aidés par des jeunes filles, quelques-unes de mœurs légères[8], qui furent des indicatrices et agents de liaisons.
Le patriotisme, la libération de la France et la haine du boche ont certainement inspiré le maquis de Boucq, du moins la plupart de ses membres. C’est ce même esprit qui a poussé toute la population locale à le ravitailler de toute façon. »[9]
5.2. Vol d’explosifs et de détonateurs
Selon l’inspecteur de police de sûreté Lardonnais, le 25 mai 1944 vers 21 heures, quatre individus se disant prisonniers de guerre évadés se présentèrent chez M. Vincenot demeurant à la carrière Poliet et Chausson. Après un séjour de 3/4 d’heure au domicile de ce dernier, les inconnus demandèrent à Vincenot de les conduire au bureau du chef carrier où se trouvaient les détonateurs, tout en lui faisant connaître qu’ils étaient francs-tireurs partisans et en lui remettant un papillon tricolore portant libellé : « FRANCE d’abord, voici le mot d’ordre des Francs-Tireurs-Partisans. » Sous la menace d’un révolver, Vincenot dut s’exécuter. Il accompagna trois des individus jusqu’au bureau, tandis que le quatrième restait dans la cuisine avec l’épouse de l’ouvrier.
Le bureau du chef carrier se trouvait dans une pièce surélevée, située à l’arrière du bâtiment occupé par la famille Vincenot. Cette pièce ne possédait que deux ouvertures, une porte fermant à clé et une lucarne du 60 x 45 cm sans aucune protection.
Un des malfaiteurs après avoir brisé le carreau de la lucarne s’empara d’une boite de détonateurs qui se trouvait placée sur le rebord intérieur de l’ouverture. S’apercevant qu’elle était vide, il enfonça la porte et déroba à l’intérieur du local la mèche lente, les détonateurs et l’exploseur. Par la suite ces objets furent remis à l’individu qui gardait Madame Vincenot, lequel partit aussitôt en direction du bois voisin.
Vincenot fut ensuite contraint, sous la menace des armes, d’accompagner les trois hommes jusqu’à la poudrière distante d’environ 200 mètres de son logement d’habitation. En cours de route, il aperçut un cinquième individu qui se tenait à l’orée du bois semblant faire le guet.
La garde de la poudrière était assurée sans arme de 20 heures à 6 heures du matin par les frères Gille. En journée, c’était Vincenot qui en assurait la surveillance. À l’intérieur de l’enceinte de la poudrière, un abri était affecté aux gardiens. La porte de l’enceinte était fermée à l’aide d’un cadenas et celle du local contenant les explosifs par une serrure. La porte de ce local comportait un dispositif électrique avertisseur relié à une sonnerie placée au domicile de Vincenot. Ce fut sans doute pour cette raison que les malfaiteurs s’assurèrent de la personne de Vincenot avant de se rendre à la poudrière.
Quand ils arrivèrent à la poudrière, l’un des individus, armé d’un révolver, menaça Sylvain Gille qui se trouvait à l’extérieur de l’enceinte et lui fit savoir qu’ils venaient s’emparer de la poudre. Vincenot et Sylvain Gille furent conduits dans l’abri où se trouvait Fernand Gille. Pendant que l’un des hommes les gardait, un autre forçait la porte du local à poudre à l’aide d’une barre de fer — un rail de wagonnets — trouvée sur place. Vincenot fut invité aider à sortir les caisses de poudre Favier[10] d’un poids total de 113 kg. Le travail terminé, il fut reconduit dans l’abri. Avant de se retirer, les malfaiteurs remirent un papillon tricolore à Sylvain Gille et enfermèrent les trois gardiens après leur avoir recommandé de ne pas sortir avant une heure.
Les trois gardes n’ayant perçu aucun éclat de voix ou bruits de pas au moment de la fuite des malfaiteurs ne purent indiquer la direction prise par ceux-ci.
Total volé : 113 kg d’explosifs, 350 détonateurs électriques, une boîte contenant 100 détonateurs ordinaires, un exploseur et 200 mètres de mèche lente.
Il ressortit des témoignages des témoins que le chef de groupe avait 40 ans environ, mesurait 1 m 72, était de forte corpulence, avait le teint bronzé, était vêtu d’une veste noire en toile ou en cuir, d’un pantalon noir ou bleu marine, de chaussettes blanches ou gris cendré et coiffé d’un chapeau mou en couleur foncée. Il parlait le français et une langue étrangère.[11] Le deuxième malfaiteur avait 25 ans environ, mesurait 1 m 80, était de forte corpulence, avait le teint coloré, était vêtu d’un complet kaki genre toile de tente, chaussé de chaussures basses noires en mauvais état et était coiffé d’une casquette ou d’un béret basque. Il était porteur d’une montre bracelet et d’une musette de couleur mastic à laquelle pouvait se trouver fixé un sac en toile enroulé. Il parlait le français.[12] Le troisième avait de 30 à 35 ans, mesurait de 1 m 68 à 1 m 69, était de forte corpulence, était vêtu d’un complet marron genre démobilisé, chaussé de brodequins et coiffé d’une casquette peut-être de couleur grise. Il parlait très difficilement quelques mots de français et pouvait être russe. Le quatrième avait de 30 à 35 ans, mesurait de l m 68 à 1 m 69, était svelte, vêtu d’un complet noir et chaussé de bottes (type Armée allemande), avec des cheveux châtains foncés et longs. Il pouvait aussi être russe.
Tous ces individus étaient porteurs de révolver ou de pistolet.
Au cours de l’enquête, il fut avéré que le 22 mai vers 21 heures 30, quatre individus, dont l’un plus grand que les autres (1 m 80), s’étaient dirigés vers le bois de Saint-Germain en suivant le vieux chemin conduisant à Foug et en direction de cette localité. L’inspecteur Lardonnais croyait que ces individus étaient vraisemblablement les auteurs de la tentative de cambriolage à main armée du bureau de tabac de Saint-Germain qui eut lieu le 22 mai et du vol d’explosifs de la carrière Poliet et Chausson à Pagny-sur-Meuse.
Le 26 mai vers 7 heures, M. Bertrand, garde de la ligne de chemin de fer Paris-Strasbourg au tunnel de Foug, découvrit dans des bosquets en bordure du chemin conduisant à Trondes et à une distance de 300 mètres environ de l’entrée du tunnel (côté Paris), une caisse de 20 kg de poudre Favier. Quelques instants plus tard, les gendarmes de Foug en tournée étaient mis au courant de cette découverte. En plus des 20 kg de poudre Favier leurs investigations amenèrent la découverte de 110 cartouches « Securex n° 0 » (poudre Favier), 20 mètres de mèche lente (2 rouleaux de 10 mètres), 88 détonateurs ordinaires « Briska n° 8 », 26 détonateurs électriques, matériel qui fut reconnu comme provenant du vol de la carrière Poliet et Chausson.
Pendant la nuit du 25 au 26 mai, la garde du tunnel était assurée par quatre requis civils, qui n’avaient rien remarqué d’anormal au cours de la nuit.
Selon l’inspecteur Lardonnais, la découverte d’une certaine partie des explosifs à proximité de la voie ferrée et du tunnel pouvait laisser supposer qu’un sabotage était en préparation à cet endroit de la ligne de chemin de fer et que les auteurs avaient été dérangés par la ronde effectuée, le 26 mai à 1 heure 15, par les gendarmes de Foug venant de la direction de Trondes.
Les recherches effectuées aux abords de divers ouvrages d’art (pont-canal de Troussey, tunnel de Pagny-sur-Meuse, tunnel du canal de la Marne au Rhin à Lay-St-Rémy) n’amenèrent la découverte d’aucun autre dépôt d’explosifs.[13]
Le poids de 110 cartouches était de 11 kg.[14] Compte tenu de la caisse de 20 kg et d’autres pertes, les maquisards auraient dû disposer de 82 kg d’explosifs Favier, 324 détonateurs électriques, 12 détonateurs ordinaires, 180 m de mèche lente et un exploseur.
[...]
5.3. Évasion des tirailleurs
Le 10 juin 1944[15] vers 14 heures, trois militaires allemands arrivèrent à Boucq, chargés de rassembler les tirailleurs[16] prisonniers de guerre travaillant sur le chantier forestier de Boucq et de leur faire réintégrer le frontstalag de Nancy. L’un d’eux, un sous-officier, se présenta à un sous-officier français d’encadrement, le sergent Pierre Terrot[17], mais celui-ci, après l’avoir terrassé et désarmé, s’enfuit dans la forêt avec vingt-huit tirailleurs. Les recherches ne donnèrent aucun résultat. En guise de punition, les Allemands arrêtèrent le comptable, Hippolyte Pierre, et son frère Gabriel, l’outilleur du chantier forestier.[18]
Fernand Nédélec — qui avait planifié cette évasion des tirailleurs sur ordre d’Auguste Guillaume (« Charles »[19]), chef des FTP du sous-secteur Domgermain du secteur de Toul et aussi chef de gare à Domgermain[20], — écrit dans ses mémoires qu’il devait être assisté par Marcel Blanque et le sergent Pierre Terrot dans cette opération. L’arrivée inopinée de trois soldats allemands venus avec deux camions français réquisitionnés, les surprit complètement. Ils invitèrent le chef de ce convoi dans le bureau, l’assommèrent et le désarmèrent. Les chauffeurs français partirent immédiatement dans leurs camions. Les deux autres soldats allemands évitèrent l’affrontement et partirent à pied. La moitié des tirailleurs et Pierre Terrot rejoignirent les maquisards russes en forêt de la Reine, tandis que Nédélec et Blanque emmenaient l’autre moitié vers une colline boisée dominant le lieu-dit « Val-de-Passey » à Ménillot, où ils formèrent le maquis FTP de Domgermain.[21]
Le sergent Pierre Terrot et les 14 tirailleurs, qui s’étaient rendus dans la forêt de la Reine, formèrent un détachement de la compagnie FTP sous le commandement de Haïk Ter-Dpirian. Très probablement, l’itinéraire de déplacement du groupe de tirailleurs emmené par Nédélec et Blanque, avait été planifié à l’avance. En se déplaçant vers le sud, ils avaient contourné plusieurs localités, traversé plusieurs routes, une autoroute, une voie ferrée et un canal[22]. La longueur de leur parcours était de plus de 15 km.
[...]
5.4. Enlèvement des époux Maille
5.4.1. Le 11 juin 1944 — au lendemain de la fuite du sergent Pierre Terrot et des tirailleurs — les Allemands vinrent à Boucq avec un autocar de troupe. Ils fouillèrent quelques maisons. Après avoir eu une conversation avec les époux Maille, ils quittèrent Boucq.[24] Lucien Laneque vit le ménage Maille converser en allemand avec les militaires et vit aussi Maille étendre le bras dans la direction du cantonnement du maquis, mais cela pouvait être un geste machinal dans la conversation.[25] Dans le doute, les maquisards décidèrent de les enlever.
Selon l’inspecteur Lardonnais, les époux Maille occupaient une maison située dans le bas du village de Boucq, en bordure de la rue conduisant d’une part à Boucq-Haut et d’autre part aux routes[26] se dirigeant vers Commercy, Toul et Sanzey. Depuis le 15 avril 1944, ils avaient à leur service Marcelle Escudero, âgée de 16 ans, de nationalité espagnole.
Le 13 juin vers 23 heures, alors que tout le monde était couché, la jeune Escudero entendit frapper aux persiennes de l’unique fenêtre de sa chambre à coucher donnant sur la rue et située au rez-de-chaussée. Mme Maille, qui avait également entendu, demanda qui était là. Une voix d’homme lui répondit : « On veut vous voir ». Mme Maille qui couchait dans un entre-deux situé entre la chambre de la bonne et la cuisine, se leva et s’approcha de la fenêtre qui était grande ouverte. Elle fit savoir à l’homme que si celui-ci désirait la voir, il lui faudrait revenir le lendemain matin, car elle n’ouvrirait pas sa porte à une heure aussi tardive. Monsieur Maille ne se rendit pas compte de ce qui se passait étant atteint de surdité.
D’après Marcelle Escudero, les faits se seraient déroulés ainsi : elle entendit l’individu s’éloigner de la fenêtre, tandis que Mme Maille restait en observation près de celle-ci. Quelques instants plus tard, elle entendit marcher dans le grenier. Le bruit de pas qu’elle perçut lui donna l’impression qu’il y avait deux personnes dans le grenier. Elle les entendit ensuite descendre dans la grange, en passant sur une machine à battre qui s’y trouvait. Puis elle perçut le bruit occasionné par l’ouverture de la porte de communication du couloir avec la grange. L’ouverture de cette porte se fit avec effraction car le crochet de fermeture fut arraché.
Sans rencontrer aucune difficulté, les inconnus pénétrèrent dans la cuisine par la porte donnant sur le couloir juste en face de celle qu’ils venaient de fracturer. Cette porte ne devait vraisemblablement pas être fermée à clé bien qu’elle fut munie de deux serrures et de deux loquets.
Dans la cuisine, les individus allumèrent l’électricité, tandis que Mme Maille se rendait vers eux, après avoir fermé derrière elle la porte de communication de sa chambre avec celle de la bonne. La jeune bonne entendit Mme Maille demander à ses visiteurs ce qu’ils désiraient et les prier de ne leur faire aucun mal. Sans allumer la lumière, l’un des hommes fit irruption dans la chambre de Marcelle Escudero, dans le but probable d’aller fermer la fenêtre de cette pièce qui était restée ouverte. Apercevant la bonne assise sur le bord de son lit, il lui enjoignit de quitter les lieux au plus vite. Marcelle Escudero s’exécuta, revêtit une blouse et chaussa ses pantoufles, puis traversa la chambre des époux Maille où ceux-ci se trouvaient en compagnie des deux hommes. L’un de ceux-ci accompagna la bonne jusqu’à la porte de la cuisine donnant dans le couloir où il lui indiqua de sortir par la grange.
Le lendemain, toutes les portes et persiennes de la maison des époux Maille étaient fermées à l’exception de la porte de la grange. Les époux Maille n’étaient plus là. Rien ne manquait à la maison. À en juger par les vêtements, Madame Maille avait quitté la maison en chemise de nuit, peignoir bleu marine et pantoufles.[27]
« Hardy » (Haïk Ter-Dpirian) avait décidé de garder les époux Maille sous surveillance à la ferme de la [M]igoterie près de Sanzey.[28]
[...]
5.4.2. Les tirailleurs prisonniers exploitaient les coupes 4 et 5 (6e série), 12 (2e série) et 13 (3e série), situées dans la forêt de la Reine. Au moins une des coupes était située près de Sanzey. Le village de Boucq était entouré de massifs forestiers qui s’étendaient sur 5 000 hectares. La surveillance était assurée par cinq gardes forestiers sous les ordres du brigadier Ducloux demeurant à la maison forestière[29] de Sanzey. L’inspecteur Lardonnais n’apprit rien des gardes forestiers ni sur l’enlèvement des époux Maille ni sur la présence de maquisards sur leur territoire.[30]
5.4.3. Le 16 juin 1944, vers 22 heures, trois individus se présentaient au domicile de M. Marizien, laitier à Ménil-la-Tour. Madame Marizien, seule à la maison, refusa de leur ouvrir. L’un d’eux braqua alors un revolver sur Madame Marizien qui lui parlait à travers la porte vitrée, et demanda 5 à 6 kg de beurre. Madame Marizien ayant répondu qu’elle n’avait pas les clés, leur remit à travers les barreaux de la porte, 1 kg de beurre et 7 camemberts, qu’ils s’apprêtaient à payer quand M. Marizien survint avec sa voiture, ce qui provoqua leur fuite.[31]
5.4.4. Le 22 juin 1944, « Hardy » (Haïk Ter-Dpirian), chef d’une compagnie FTP, était nommé lieutenant des FFI par le colonel « Baudouin ».[32]
5.5. Décès du sergent Pierre Terrot
Dans la compagnie FTP de « Hardy », le sergent Pierre Terrot était agent de renseignements et faisait la liaison entre l’état-major FFI du secteur de Toul et les maquisards de la forêt de la Reine. Le 26 juin 1944, au cours de l’une de ces missions, lui et le tirailleur Lahcem ben Hossine, qui l’accompagnait, furent attaqués par un groupe d’Allemands et tués[33] aux abords de la maison forestière de Sanzey. Leurs corps furent déposés à l’hôpital Saint-Charles (à Toul) et inhumés le 28 juin 1944 au cimetière de Toul.[34]
Selon le commissariat des renseignements généraux de Nancy, le 25 juin vraisemblablement, deux militaires allemands chassant dans les bois de Sanzey auraient été tués. Le 26 juin, la Feldgendarmerie de Nancy, procédant à une battue dans cette partie de la forêt de la Reine, aurait essuyé des tirs et fait appel à des renforts de la garnison de Toul. Au cours de cette opération, dans l’après-midi, deux inconnus furent tués à coups de mitraillettes par des militaires allemands. Leurs cadavres ne furent pas reconnus par le maire de Sanzey. Ils furent transportés à Toul et remis au maire pour leur inhumation. Les militaires allemands présentèrent également au maire de Sanzey deux revolvers qui auraient été trouvés sur les deux individus.[35]
[...]
Si l’on considère que Haïk Ter-Dpirian ordonna de placer les époux Maille dans la ferme de la Migoterie pour les garder à vue, que le sergent Pierre Terrot et le tirailleur Lahcem ben Hossine qui l’accompagnaient, furent abattus près de la maison forestière, située à environ 1 km de cette ferme, cela laisse supposer, qu’après la fuite des tirailleurs, au moins une partie du maquis de Haïk Ter-Dpirian se trouvait dans la forêt de la Reine à proximité de la ferme de la Migoterie.
5.6. Désarmement d’un groupe mobile de réserve
5.6.1. Le 8 juillet 1944 vers 8h30, sur la RN 408 près de Boucq le garçon laitier de M. Marizien, industriel laitier à Ménil-la-Tour était arrêté par deux inconnus armés de revolvers qui l’obligèrent à leur remettre 45 kg de beurre et 219 camemberts. Ils lui dirent appartenir à la Résistance, ne pouvoir le payer et lui remirent une attestation dactylographiée portant la mention : « Forces Françaises de l’Intérieur ».[38]
5.6.2. Le 14 juillet 1944 « Hardy » et les membres de son maquis organisaient à Boucq un défilé avec drapeau. Toute la population fêtait la 14 Juillet. Le maire, M. Petitjean, prononça un discours. Un bal clôturait la journée et se continuait le lendemain, attirant la jeunesse des environs avec la participation de toute la population du village.[39]
Le lieu de retraite d’une partie du maquis de « Hardy » était à cette époque à une centaine de mètres de Boucq, et les jeunes maquisards descendaient fréquemment au village alors que les Allemands cantonnaient à Lagney — à seulement 6 km à l’est.[40]
5.6.3. Au début de juin 1944, Pierre Martel[41], cultivateur, rencontra à Troussey, Pierre Maljean, forain, demeurant à Uruffe, lequel venait au village avec son ménage. Il s’entretint avec lui et apprit qu’il existait un maquis à Boucq.
[...]
Église Saint-Pierre, derrière laquelle est visible une partie du château de Boucq. Sur la colline au-dessus et à droite du château se trouvait l’un des emplacements du maquis de Haïk Ter-Dpirian. Photographies prises par l’auteur le 18 septembre 2021.
Le 16 Juillet 1944, vers 16 heures, il quittait le domicile de ces parents à Troussey pour se rendre à Boucq où il savait que l’on y dansait. Pour effectuer le trajet, il utilisa sa bicyclette. Il rencontra Dorothé Escudero[42] âgé de 23 ans environ. Il connaissait ce jeune homme et lui demandait donc des précisions sur le maquis de Boucq après lui avoir indiqué que c’était Pierre Maljean qui l’avait renseigné à ce sujet. Son ami ne parut pas content de l’indiscrétion du forain.
Dorothé Escudero lui expliqua en quoi consistait le maquis et lui demanda s’il ne voulait pas être des leurs. Avant d’accepter, Pierre Martel demanda de voir le chef. Dorothé Escudero le conduisit en forêt au-dessus du village de Boucq où il fut présenté au chef « Hardy ». Celui-ci interrogea Pierre Martel et lui expliqua qu’ils étaient tous patriotes. Après l’entretien, « Hardy » lui fit savoir qu’il le gardait come prisonnier car il aurait besoin de lui. Pierre Martel n’était pas très enchanté de la tournure rapide de l’affaire mais il ne pouvait plus reculer. Il dit que, le soir même, il devait monter la garde au lieu-dit « les Voûtes » près de Troussey et que, s’il n’assurait pas ce service, des sanctions seraient prises à son égard. « Hardy » lui dit alors qu’il avait une belle occasion de montrer qu’il était un patriote et lui demanda des renseignements sur le pont-canal de Troussey. Pierre Martel lui expliqua qu’il était très dangereux de s’y rendre à cause du nombre de gardiens. Il lui fournit des détails sur la disposition des lieux. Au cours de la conversation, il s’aperçut que « Hardy » était déjà renseigné à ce sujet. Faisant toujours appel à ses sentiments patriotiques, « Hardy » lui ordonna de conduire sur place une équipe de maquisards, le soir même. Pierre Martel essaya de refuser, en invoquant qu’étant de Troussey, il risquait fort d’être reconnu. « Hardy » lui répondit que le danger ne devait pas compter pour lui.
Le soir vers 23 heures, en compagnie de sept autres individus, Pierre Martel quittait le camp en direction du pont-canal de Troussey où ils devaient désarmer le personnel de garde en vue de s’approprier les armes. Le chef de l’expédition était Dorothé Escudero et le groupe comprenait Jean Kneppert[43], Pierre Martel, « Marc », « Philippe » et trois Sénégalais, armés soit de révolvers, soit de mousquetons. Pierre Martel avait un révolver sans cartouches. Ils arrivèrent sur le canal de la Marne-au-Rhin entre l’écluse (n° 1) de Troussey et le lieu-dit « les Voûtes ».[44]
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A cet endroit, le groupe se divisa en deux. Dorothé Escudero, Pierre Martel et les trois Sénégalais se rendirent aux « Voûtes » où ils désarmèrent les requis qui avaient à leur disposition un fusil de chasse à canon scié, tandis que les autres se rendaient à l’écluse n° 1 de Troussey pour saboter le téléphone et effectuer le même travail.[45] Leur opération terminée, ils retrouvèrent les autres qui les attendaient devant l’écluse de Troussey. Ensuite ils se dirigèrent tous vers le pont-canal[46] en suivant le canal de la Marne au Rhin. À leur arrivée à l’ouvrage d’art, à 1h45, ils désarmèrent trois requis civils et un gendarme qui se trouvaient sur le pont. Ceux-ci n’opposèrent aucune résistance. Un gendarme qui était monté voir ce qu’il se passait fut également désarmé.[47] Puis ils descendirent sur la route conduisant de Troussey à Sorcy[-sur-Meuse] où ils savaient qu’il y avait un poste de garde. Là, ils désarmèrent un gendarme qui se trouvait en faction.[48]
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Les chiffres indiquent : 1 — aqueduc de Troussey, 2 — écluse n° 1, 3 — pont-canal, 4 — Troussey. La flèche indique le sens de la marche vers Sorcy-sur-Meuse. Un extrait de la feuille 14G de la carte GSGS 4249 (1944).
Apercevant des lueurs provenant de cigarettes à une distance de trente à cinquante mètres du pont-canal, et en bordure de la route Troussey – Sorcy, ils se dirigèrent vers cet endroit où ils trouvèrent, couché dans le pré bordant la route en question, un groupe d’une vingtaine de GMR dont la majorité devait dormir. Voyant à qui ils avaient à faire, ils firent connaître qu’ils étaient de la Résistance tandis que les GMR répondaient « Police ». Ils leur demandèrent alors la remise des armes qu’ils possédaient. Les GMR s’exécutèrent sans faire la moindre résistance. Pierre Martel se souvenait qu’ils avaient pris une mitraillette[49], des mousquetons et des révolvers.[50] Il indiqua ensuite le chemin qui conduisait au logement des gendarmes et qui se trouvait de l’autre côté de la Meuse. Il était facile de s’y rendre en passant sur le pont-canal. Au cantonnement des gendarmes, ils en désarmèrent deux. Pierre Martel ne savait pas ce qu’il s’était passé à l’intérieur du cantonnement, car il était resté à la porte.[51]
Toute l’opération leur demanda environ une heure. Celle-ci terminée, ils reprirent la direction du bois de Boucq et, empruntant le même chemin, ils rentrèrent au camp sans incident avec leur butin vers 6 heures du matin. En repassant près de l’aqueduc, Pierre Martel fit restituer l’un des fusils de chasse aux requis qui se trouvaient de service, afin d’éviter des ennuis à la population.
5.6.4. Pierre Martel participa à l’incendie de la maison Kihl à Troussey, le 20 juillet 1944, dans le courant de la nuit. Cette action fut décidée par « Hardy » à la suite d’un ordre qu’il avait reçu de Nancy par écrit. Il désigna Dorothé Escudero, « Marc », « Gabriel », et Pierre Martel pour effectuer cette opération. Dorothé Escudero était le chef de l’expédition. Ils avaient pour mission de s’emparer de M. et Madame Kihl et de les conduire au camp. Ils étaient tous armés de révolvers chargés provenant de l’expédition du pont-canal. Dorothé Escudero avait apporté avec lui un trousseau de clés. L’affaire se déroula de la façon suivante : Dorothé Escudero, Marc et Pierre Martel escaladèrent le mur du jardin se trouvant derrière la maison tandis que « Gabriel » faisait le guet dans la rue, devant l’immeuble. Ils pénétrèrent à l’intérieur après avoir retiré le mastic d’un carreau de la porte vitrée donnant sur le jardin. Les portes de l’appartement étant fermées à clé, Dorothé Escudero prit l’initiative de mettre le feu. Dans ce but, lui et Pierre Martel montèrent dans le grenier où, à l’aide d’allumettes, ils mirent le feu à de la paille. Dorothé Escudero prit des chaussures et « Marc » un pneu de bicyclette, qui se trouvaient dans le garage.
Ils quittèrent les lieux en empruntant le même chemin. Dans leur fuite, « Marc » perdit son révolver 7,65 mm mais il ne s’aperçut de la perte de son arme qu’après avoir sauté le mur.
5.6.5. Pierre Martel participa à un vol de tabac à Aul[n]ois-s[o]u[s]-Vertuzey (Meuse) le 21 juillet 1944 vers 20h30. Il était chef de l’expédition et il avait sous ses ordres Heid[e]rich, « Dédé », et Jean Kneppert. Ils étaient tous armés de révolvers. L’opération leur rapporta environ 30 paquets de cigarettes, 100 paquets de tabac et 10 000 francs. Pierre Martel ne paya pas le tabac et il délivra pour le total un bon de réquisition constitué par un papier rectangulaire portant l’en-tête « Forces Françaises de l’Intérieur ». À son retour, il remit le tabac et l’argent au chef « Hardy ».
Avant de rentrer au camp, « Dédé » et Jean Kneppert se rendirent le même jour à Jouy-sous-les-Côtes (Meuse) d’où ils revinrent avec des tickets de pain.[52]
5.7. Décès de Dorothé Escudero
5.7.1. Le 23 juillet 1944 Louis Perial prévenait « Hardy » d’une opération imminente des Allemands contre le maquis.[53] Dorothé Escudero assura, sans perte, le transfert de tout le matériel du camp de la forêt de la Reine à celui de Trondes au travers des barrages établis par les Allemands.[54] Il fut tué par un civil qui était avec les Allemands.[55]
5.7.2. Ce jour-là, Pierre Martel réussissait à quitter le maquis en compagnie de « Dédé » et de « Marc ». Ils se rendirent à Mauvages et ils comptaient rentrer à pied à Paris chez un frère de Marc, pour travailler dans l’agriculture en région parisienne. Heiderich, Vercella et Villemain[56] s’enfuirent également. Par la suite, Pierre Martel apprit que l’équipe de Heiderich avait été arrêtée.[57]
[...]
5.7.3. Le 25 juillet 1944, les époux Maille se présentaient à la gendarmerie de Toul dans un état d’épuisement complet. Ils déclarèrent s’être échappés de la forêt où ils étaient séquestrés et ne voulaient, sous aucun prétexte réintégrer leur domicile à Boucq. Ils refusèrent de donner quelque indication que ce fut sur le lieu de leur séjour. Avec l’accord du secrétaire général de la préfecture, ils furent dirigés sur l’hospice-dépôt de Faulx où ils furent hébergés en payant le prix de leur pension.[58]
5.7.4. Le 26 juillet 1944, un émissaire venu du maquis conseilla à Pierre Martel, « Dédé » et « Marc » de rejoindre le camp leur faisant comprendre que, dans le cas contraire, des représailles pourraient être exercées contre eux. Pendant quelque temps, après son retour au maquis, l’activité de Pierre Martel fut réduite puisque il était placé sous surveillance.[59]
5.7.5. Ayant regagné la confiance de ses camarades, Pierre Martel fut envoyé récupérer 10 000 francs chez M. Pradel, commerçant en tissus à Royaumeix (Meurthe-et-Moselle). Il effectua cette opération seul et armé. Contre la remise de la somme d’argent, il remit à M. Pradel lui-même un bon de réquisition.
5.7.6. Le 1er août[60] 1944, il participait à une nouvelle action dirigée contre M. Pradel à Royaumeix. Le groupe était composé de « Philippe », « Jules », « Gabriel », « Victor » et Pierre Martel, sous les ordres de « Maurice », lequel était l’adjoint de « Hardy ». Ils étaient tous armés. Ils rapportèrent à dos d’homme, des chemises, des caleçons, des chaussettes, des chaussures, des bottes en caoutchouc, d’une valeur de 36 000 francs. Au cours de cette action, Pierre Martel reçut l’ordre de se rendre avec « Philippe » chez M. Marizien, fromager à Ménil-la-Tour pour y réquisitionner une voiture ou chez toute autre personne pouvant en disposer d’une. Après avoir pris un peu d’essence chez Pradel, ils allèrent chez Marizien à Ménil-la-Tour. Marizien le connaissait car il avait déjà opéré chez lui sur les ordres de son chef. Ce fromager devait leur fournir toutes les semaines une certaine quantité de beurre et de fromages. Pour sa part, Pierre Martel était allé deux fois chez lui en prendre livraison. Il avait été convenu, sans doute par « Hardy », que la marchandise serait payée. Cette marchandise leur était à chaque fois livrée tout naturellement et sans aucune menace de leur part. Pour la question de l’automobile, le jour de l’action effectuée chez Pradel, il avait accepté de leur en prêter une, suite à leur demande. Ils essayèrent les deux voitures dont disposait Marizien, mais aucune d’elle ne voulut fonctionner. Auparavant, ils avaient essayé la voiture d’un épicier de Ménil-la-Tour, résidant à la sortie du village, en bordure de la route d’Andilly.[61]
5.7.7. Le commandement des FTP de Meurthe-et-Moselle était clairement mécontent du comportement des maquisards subordonnés à Haïk Ter-Dpirian et il l’exprima dans l’ordre suivant :
« F.T.P.F.
INTER. 21. R. 2.
F.F.I.
FORCES FRANÇAISES DE L’INTÉRIEUR
— : — : — : — : — : — : — : — : —
À TOUTES LES FORCES DU BATAILLON « INTER-ALLIÉ »
LE COMMANDANT ORDONNE :
1° — Personne ne peut s’absenter du camp, pour n’importe quel motif, sans un ordre écrit du commandant du bataillon.
2° — Il est absolument interdit à tous les camarades qui seront envoyés pour le ravitaillement ou en mission, de divulguer ou de donner des renseignements sur la situation du camp ou des opérations futures ou exécutées par nos forces.
3° — Toutes les équipes désignées pour le ravitaillement ou autre doivent [:]
a) passer le moins possible dans les villages. Chercher à parcourir les chemins les moins fréquentés afin de dépister notre passage à l’ennemi.
b) Il est absolument interdit de fréquenter les cafés et de boire dans les maisons privées jusqu’à l’ivresse.
c) Toute action de banditisme sera sévèrement punie pouvant aller jusqu’à la peine de mort.
d[)] Se comporter le plus correctement possible à l’égard de le population civile qui sympat[h]ise avec nous.
4° — Éviter toutes les discussions et commentaires qui pourraient nuire à la bonne unité de la camaraderie du bataillon. Évitez toutes les conversations à haute voix qui pourraient faire repérer le camp.
5° — Il est interdit de parlementer avec toutes les personnes emprisonnées ou internées disciplinaires, le service de garde sera responsable de ce règlement.
6° — À toute tentative d’évasion, le service du camp à ordre de faire usage des armes après la 1ère sommation de la sentinelle.
7° — Il est interdit à toute personne étrangère de pénétrer dans le camp. Toute personne suspecte, rodant autour du camp, sera appréhendée et internée jusqu’à l’arrivée de l’autorité compétente.
8° — Toute correspondance ou mot d’écrit devra passer entre les mains du commandant du bataillon. Les camarades qui dérogeront à cet ordre seront punis sévèrement.
9° — Dès l’obscurité, toute personne n’étant pas en service doit rester à sa place et les conversations doivent être faites à voix basse. Le service du camp est responsable pour faire observer cette discipline.
10° — Toute personne ayant une arme a la responsabilité de son fonctionnement.
11° — En cas d’attaque sans aucun motif, les camarades ne doivent abandonner leur poste de combat et leurs armes. En cas d’abandon de ce poste sans ordre de leur chef, de mouvement ou de repli, seront considérés comme déserteurs devant l’ennemi et passeront au conseil de guerre.
12° — Pour éviter tout accident, il est interdit de se livrer à toute démonstration personnelle des armes. Les canons de ces armes devront toujours être dirigés verse le vide et non dans la direction d’un camarade.
13° — Tous les tirs et la chasse sont en interdiction.
14° — Tout essai de fusil ou arme automatique sera fait par ordre du chef en dehors du camp.
LE COMMANDEMENT MILITAIRE DÉPARTEMENTAL fait appel à tous les responsables et camarades de bataillons, à leur bonne volonté et discipline à observer cet ordre du jour afin de ne pas avoir à prendre les sanctions sévères envers les camarades.
Le Comm[andan]t du Bat[aillon] M[ilitaire]
Le Comm[andan]t du Bat[aillon] P[olitique]
Le Comm[andan]t Dép[artemental] M[ilitaire et] P[olitique]
le chef
2 AOUT 1944 »[62]
5.7.8. Le 7 août 1944[63] vers 21 heures, Pierre Martel allait chercher la soupe chez Marthe Simon et rencontrait là « [B]runetto », le chef hiérarchique de « Hardy ». Le lendemain soir, « [B]runetto » vint les haranguer dans la forêt, louant le mouvement auquel ils appartenaient et les incitant à continuer leur action. Il avait un fort accent espagnol et causait difficilement le français. Il était accompagné d’une jeune fille d’une vingtaine d’années, brune et habillée d’un manteau bleu marine et d’une robe claire. Elle ne prononça pas un seul mot.
« [B]runetto » est un individu qui peut avoir une quarantaine d’années environ, d’une taille de 1 m 70, châtain clair et ondulés, figure allongée et mince. Il était vêtu d’un costume de sport, veste à soufflet et pantalon de golf de couleur claire et coiffé d’un chapeau gris.[64]
[...]
5.7.9. Paul Guise[65], inspecteur de la police régionale, était arrivé à Trondes le 9 août 1944. Depuis quelques jours, il avait l’intention de prendre le maquis en raison de la mésentente qui existait dans son ménage et par peur d’être astreint au STO[66]. Sachant qu’il était possible de prendre contact avec le maquis par l’intermédiaire d’une maitresse résidant à Trondes, Mademoiselle Georgette Bazart[67], il se rendit chez elle et lui demanda de l’aider à rencontrer des éléments du maquis. Elle l’accompagna chez Madame Mohammed qui vivait seule et à qui il exposa sa requête. Il avait indiqué à Madame Mohammed ses qualités de fonctionnaire de la police et lui avait présenté sa carte. Elle, après s’être récriée, dut prévenir le maquis parce que, quelques instants plus tard, un homme vint le chercher en le menaçant d’un revolver. Il l’amena dans un bois situé au-dessus de le commune et à deux kilomètres de celle-ci. Plusieurs autres maquisards les rejoignirent et l’interrogèrent afin de se rendre compte s’il était sincère et s’il n’était pas envoyé par la gestapo. Son premier interlocuteur lui avait demandé par quel intermédiaire il avait eu l’adresse de Madame Mohammed. Il avait indiqué Georgette Bazart qui, à son tour, fut obligée de le suivre dans les bois. Ils furent après mis en présence du chef « Hardy » qui leur fit subir un nouvel interrogatoire. Lui aussi l’accusa d’être un espion mais Paul Guise protestait de sa bonne foi afin de diminuer les soupçons. Georgette Bazart et lui couchèrent dans la forêt, sur des couvertures posées à même le sol, sous bonne garde. Le 10 août se passa au même endroit sans qu’il lui soit donné de recevoir des ordres ou d’être en contact avec d’autres membres de l’organisation. Dans le courant de cette journée, Georgette Bazart fut libérée après qu’elle eut signé un billet d’adhésion aux FFI dans lequel elle s’engageait à ne rien révéler. Dans la soirée du 10 août, il fut admis à pénétrer dans le camp même qui se trouvait à une centaine de mètres de là. Il y retrouva une vingtaine de maquisards dont quelques Sénégalais.
5.7.10. Le 11 août après-midi, il fut désigné par « Hardy » pour accompagner « Jojo » et « Gabriel ». Ils se rendirent à Lay-Saint-Rémy chercher du tabac (90 paquets de cigarettes et 30 paquets de tabac) chez la buraliste de la commune. Seul « Gabriel » était armé. Ils remirent un bon de réquisition et payèrent la marchandise emportée avec de l’argent qui leur avait été remis par « Hardy ».[68]
5.7.11. En revenant de cette expédition, Paul Guise eut la surprise de trouver au camp, le commissaire de police Robert Frenot, de Toul, ainsi que les inspecteurs Albert Priouret[69] et Eustache[70] accompagnés d’André Bach[71] qui les avait conduits dans sa voiture. Les ayant questionnés sur leur présence parmi les maquisards, il put apprendre qu’à la demande de sa femme[72], Robert Frenot s’était décidé à partir à sa recherche pour le ramener à Toul. Ayant été repérés lors de leur présence à Trondes chez Georgette Bazart, ils furent mis dans l’obligation de suivre les maquisards jusqu’à leur repaire. « Hardy » avait déjà demandé au commissaire et aux inspecteurs de rentrer au maquis. Il semble que Robert Frenot ait accepté très facilement[73]. Il reçut comme nom de guerre « François ». Il paraissait être tout à fait d’accord de même qu’Albert Priouret tandis qu’Eustache n’avait pas l’air satisfait[74]. Quant à André Bach, « Hardy »lui donna comme nom de guerre « Anatole » et le réquisitionna simplement avec sa voiture en disant : « Le moment d’agir est arrivé. Le pays a besoin de tout le monde. »
Le commissaire (Robert) Frenot fournit aux maquisards le plan des bureaux de la délégation régionale des renseignements généraux.[75]
[...]
5.7.12. Le 11 août, Pierre Martel recevait l’ordre d’aller exécuter à Laneuveville-derrière-Foug un nommé Dubois, 55 ans environ, un collaborateur d’après ce que lui avait dit « Hardy ». Martel était le chef de l’expédition et était accompagné de « Paul (Lemoine)[76] » et de Jean Kneppert. Ils étaient tous armés de révolver. Après avoir pénétré de jour, vers 16 heures, sans difficulté chez Dubois, il l’interrogea en présence de sa femme et de ses enfants. D’après ce qu’il vit de l’intérieur de l’appartement et d’après les réponses de Dubois, il jugea cet homme innocent de ce qui pouvait lui être reproché et il n’exécuta pas les ordres du chef « Hardy ». Les deux compagnons de Pierre Martel lui firent des reproches ainsi qu’« Hardy », à son retour au camp.
Le même jour vers 18 heures, la même équipe volait du tabac à Laneuveville-derrière-Foug. « Paul (Lemoine) » et Jean Kneppert furent les principaux auteurs de cette opération. La marchandise ne fut pas payée en argent mais avec un bon de réquisition. Avant de quitter le camp, « Hardy » leur avait donné l’ordre de ramener du tabac sans leur préciser où ils devaient opérer.
5.8. Décès de « Gabriel »
5.8.1. Le 12 août, « Hardy », sur une idée de Paul Guise, ordonnait à « Gabriel », chef d’expédition, Johannès et Pierre Martel de récupérer de l’argent à la perception de Toul. Pour opérer, ils étaient tous armés de pistolets automatiques 7,65 mm. Ils quittèrent le camp vers 9 heures en bicyclette, en empruntant la route Trondes – Lagney – Lucey – Toul. En cours de route, « Gabriel » échangea sa bicyclette contre une autre en passant près de Lucey. Ils arrivèrent à Toul vers 11 heures et ils durent attendre la fin d’une alerte aérienne pour pouvoir pénétrer dans la perception dont la porte était fermée. Elle ne fut ouverte que vers 11 heures 30 et ils en profitèrent pour entrer aussitôt et se faire remettre le contenu de la caisse. Cette action échoua car le percepteur, qui les avait vus pénétrer dans la cour et fermer le porte au verrou, alerta la police. Les agents furent accueillis à coups de révolver tirés par « Gabriel ». Pierre Martel, lui, ne fit pas usage de son arme et choisit de fuir, comme les deux autres maquisards. Bien que poursuivis, Johannès et Pierre Martel réussirent à se sauver par la route de Metz et à regagner le camp du maquis. « Hardy » leur fit des reproches à la suite du rapport que lui fit Johannès. Le lendemain soir, ils apprirent par Paul Guise que « Gabriel » avait été tué par des militaires allemands.[77]
« Gabriel » décédait le 12 août, à 12h05, à Toul, au lieu-dit La Canonnière. Un brassard portant l’inscription « FTPF » fut retrouvé dans sa poche. Il fut enterré au cimetière de Toul.[78]
[...]
Les chiffres indiquent : 1 — Royaumeix, 2 — Andilly, 3 — Ménil-la-Tour, 4 — Jouy-sous-les-Côtes, 5 — Boucq, 6 — Aulnois-sous-Vertuzey, 7 — Trondes, 8 — Laneuveville-derrière-Foug, 9 — Troussey, 10 — Foug, 11 — Lay-Saint-Remy. Un extrait de la feuille 14G de la carte GSGS 4249 (1944).
5.8.2. Le même jour, accompagné d’un maquisard, le commissaire Frenot se rendit dans un village pour demander par téléphone, l’adresse du chef de la délégation des renseignements généraux de Nancy, le commissaire de police Évrard. Robert Frenot sollicitait un rendez-vous au domicile d’Évrard dans le but, supposa ce dernier, de le faire enlever ou assassiner par les maquisards.[79]
5.8.3. Dans l’après-midi, Paul Guise, le lieutenant « Maurice[80] », le chef « Hardy », « Philippe » et « Paul Lemoine » montèrent dans la voiture d’André Bach et se rendirent à la laiterie Marizien à Ménil-le-Tour. Arrivés sur les lieux, tandis que « Philippe » restait dans la voiture pour surveiller André Bach, Paul Guise entrait avec « Maurice » et « Paul Lemoine » chez M. Marizien. Ils étaient tous les trois armés de pistolets 7,65 mm. Ils emportèrent 30 kg de beurre et 120 fromages[81]. « Maurice » solda la facture et remit un bon de réquisition.
5.8.4. Vers 22 heures, un habitant du village de Trondes vint aviser « Hardy » que deux militaires allemands armés de mousquetons se dirigeaient vers Trondes. « Hardy » envoya Paul Guise, « Philippe », « Paul (Lemoine) » et un Nord-Africain sur la route, à 500 mètres du bourg. Lors du retour des militaires, ils s’élancèrent vers eux et les firent prisonniers après s’être emparés de leurs mousquetons. Pour ce coup de main, le Nord-Africain était muni d’une mitraillette Thompson et les trois autres, de mousquetons. Ils conduisirent les militaires devant « Hardy » qui réunit le camp et, après discussions, il fut décidé que les soldats seraient gardés comme prisonniers.[82]
5.8.5. Selon Paul Guise, dans la même nuit, un groupe volant d’environ 15 Russes qui était en contact avec « Hardy » vint se restaurer au camp du maquis.[83]
5.8.6. Le 13 août vers 22 heures, « Hardy » envoyait Paul Guise en bicyclette à Toul afin de demander à ses collègues au commissariat de Toul si certains seraient désireux de le suivre. À Toul, il vit Claude, Willemouth, Charles Faubel, Massin, Jean Mangin[84], Antoine et Durand. La réunion se tenait chez le brigadier de police Jean Mangin. Antoine et Durand se récusèrent, en déclarant appartenir à une autre organisation de la Résistance. Claude, Massin et le beau-frère de Jean Mangin ne purent les suivre de suite et leur dirent ne pouvoir venir que le lendemain. Quant à Jean Mangin, Charles Faubel et Willemouth, ils partirent avec Paul Guise en direction de Trondes. En cours de route, pour retourner chez lui, Willemouth prétexta qu’il n’avait pas réglé ses affaires, après avoir assuré à Paul Guise qu’il serait avec eux avant peu. Ils arrivèrent tous trois au camp, le 14 août, vers 4h30.[85]
5.9. Attaque contre de la caserne de GMR à Jarville
[...]
5.9.1. Le 14 août, vers 7 heures, Paul Guise, « Paul Lemoine », Jean Brange[86] et Pierre Martel étaient convoqués par « Hardy ». Celui-ci leur indiqua qu’une opération devait être engagée contre les GMR de Jarville dans le but de se procurer des armes. Jean Brange avait donné toutes les indications nécessaires et Paul Guise avait été désigné comme chef de l’expédition. Un révolver de 7,65 mm fut remis à chacun d’eux. Vers 7h30, ils partirent dans l’auto conduite par André Bach. « Paul Lemoine » avait revêtu une tenue de brigadier de police appartenant à Jean Mangin. Jean Brange portait une culotte de GMR. Ils arrivèrent à Nancy vers 9h30. Peu de temps après, l’alerte retentit et les retint jusqu’à 11h45. Vers midi, ils allèrent à la caserne des GMR. Avant de sortir de la voiture, Paul Guise, Pierre Martel et Jean Brange passèrent un brassard tricolore aux inscriptions « FFI » et « FTPF » à leur bras. En face la porte, un planton montait la garde à 5 ou 6 mètres de distance. « Paul Lemoine » descendit le premier et se présenta au planton lui demandant de lui remettre son arme, un revolver modèle 1892. Celui-ci n’opposa aucune résistance. Pendant qu’André Bach restait au volant, les quatre autres maquisards pénétrèrent à l’intérieur par la porte désormais ouverte. Ils marchèrent dans l’allée longue d’une trentaine de mètres, qui conduisait à une cour intérieure. Un deuxième planton était posté qui n’opposa pas davantage de résistance et fut désarmé par Jean Brange. Accompagné de Pierre Martel, Paul Guise pénétra dans le poste de garde où il désarmait les deux GMR qui s’y trouvaient. Il demanda s’ils avaient des mitraillettes et la clé de l’armoire où elles devaient être entreposées. Il leur fut répondu qu’il n’y avait aucune mitraillette. Ils ressortirent donc. Après avoir descendu le perron, ils furent interpellés par le commandant Palaric, commandant le GMR Dupetit-Thouars : « Que faites-vous là Messieurs ? Levez les mains en l’air ! Rendez-moi vos armes ! Approchez-vous ! » Sentant que l’opération était perdue, ils s’approchèrent. Paul Guise lui tendit ses armes en souriant. Pierre Martel aussi lui tendit son pistolet 7,65 mm. Le commandant Palaric les fit pénétrer dans le hall et coucher à terre. À ses côtés se trouvait l’officier Compagnon du GMR Lorraine, faisant fonction de chef de détachement, pistolet au poing. À cet instant, Jean Brange, apercevant celui-ci, braqua alors une de ses armes vers Compagnon qui fit feu aussitôt. Blessé au ventre, Jean Brange, laissa tomber les deux pistolets qu’il tenait, courut vers la voiture d’André Bach, qui le conduisit à l’Hôpital civil de Nancy où ils arrivèrent à 12h45. Jean Brange décéda vers 13h15.[87]
Le commandant Palaric se dirigea vers le réfectoire. A mi-chemin entre le poste de garde et le réfectoire, il vit sortir un brigadier qu’il crut être du GMR Lorraine, car il ne le connaissait pas. Ce « brigadier » était en fait « Paul Lemoine ». Celui-ci braqua sur lui un révolver et fit feu, mais le manqua. Il fit feu une seconde fois et le toucha à la poitrine du côté droit. Dans l’intervalle, croyant qu’il y avait méprise, le commandant Palaric lui avait crié « Que faites-vous, vous êtes fous (sic) ! » et il tomba en tirant un coup de pistolet dans sa direction.
S’éloignant à reculons, « Paul Lemoine » continua à tirer sur lui ; deux balles virent s’écraser au sol à côté de sa tête, une troisième lui laboura le bras, pénétra sous l’aisselle et ressortit au-dessus de clavicule. Ce dernier choc lui fit perdre la notion exacte de ce qui se passa ensuite.[88]
Le commandant Palaric fut hospitalisé à l’Hôpital Marin. Ses deux blessures ne mettaient pas sa vie en danger. Il était peu probable qu’elles aient des conséquences graves. L’une des balles, après lui avoir labouré la partie interne de l’avant-bras droit, avait pénétré dans le creux de l’aisselle et était ressortie un peu en avant du tiers externe de la clavicule sans d’ailleurs toucher celle-ci. L’autre balle, tirée à bout portant en pleine poitrine, avait pénétré au niveau de la partie interne du deuxième espace intercostal droit, et était allée se loger en arrière de la partie droite du cartilage costal. La durée de l’incapacité de service avait été estimée à environ un mois.[89]
Poursuivi pas des officiers et des gardes, « Paul Lemoine » protégea sa retraite par de nombreux coups de feu. Il vida les chargeurs et barillets de quatre pistolets et revolvers, dont ceux pris aux deux GMR dans la salle à manger et dans la cuisine. Mais, atteint, il alla s’affaler en bordure de la rue Tourtel. Il fut transporté par une ambulance du Secours national à l’Hôpital central. Il avait une plaie en séton du cuir chevelu de la région temporo-pariétale droite et une plaie transfixiante de la région olécranienne gauche. Ces lésions furent estimées entraîner une incapacité temporaire totale de trois semaines environ, sauf complications.[90]
Fin de l'extrait gratuit. La version complète est disponible sur :
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[1] Procès-verbaux n° 1461/1-22, AD54, 2101 W 16, dossier 12, sous-dossier 66, feuilles 2-27. Rapport n° 8831 de l’inspecteur de police judiciaire de Nonancourt du 23 août 1945, AD54, 2101 W 16, dossier 12, sous-dossier 6, feuille 30 (p. 1).
[2] Procès-verbal des déclarations de Marthe Simon du 16 décembre 1945, AD54, 2101 W 16, dossier 12, sous-dossier 6, feuille 3.
[3] Procès-verbal n° 1461/10 des déclarations de Juliette Cadamuro du 20 juillet 1945, AD54, 2101 W 16, dossier 12, sous-dossier 6, feuille 17.
[4] Fiche posthume de renseignements de Ha[ï]k Tbirian, op. cit.
[5] Procès-verbal des déclarations de Paulette Dumas, veuve Mohammed ben Lhacen, du 16 décembre 1945, AD54, 2101 W 16, dossier 12, sous-dossier 6, feuille 2.
[6] Rapport de Léon Thenot sur son activité dans la Résistance du 4 octobre 1944, SHD, GR 13 P 26, dossier 1, sous-dossier 4.
[7] Liste du comité directeur de la section FFI de Foug et liste nominative des FFI, SHD, GR 19 P 54/2, vue 201.
[8] Cela ressemble à une rumeur du village. À la page 4 (vue 88) du même document, Gilbert Baudin cite une rumeur publique qui accuse le maquis d’enlèvement du père Escudero fin juin ou début juillet (1944) et de la mort du jeune (Dorothé) Escudero, retrouvé blessé mortellement d’une balle dans la tête, à l’entrée du bois de Boucq.
[9] Rapport du FFI Gilbert Baudin sur le maquis de Boucq du 7 septembre 1944, SHD, GR 19 P 54/2, vue 85 (p. 1).
[10] C’était le nom de trois types d’explosifs à poudre de sûreté inventés par le commandant du génie français Favier, fabriqués à partir de nitrate d’ammonium, de nitrate de sodium et de nitronaphtalines et qui étaient utilisés pour le dynamitage minier. A partir de 1889, ils furent fabriqués par la Société française des poudres de sûreté. Cf. Notice sur les explosifs Favier, Société française des poudres de sûreté, Paris, [1892 ou après], pp. 3, 9 et 10.
[11] « Gabriel » correspond bien à cette description.
[12] L’un des participants au meurtre d’Adolphe Kleemann présentait le même signalement. Cf. la section 4.12.
[13] Rapport n° 8968 de l’inspecteur de police de sûreté Lardonnais H. du 30 mai 1944, AD54, 2496 W 93.
[14] Comme on le verra ci-dessous, les cartouches étaient de 100 grammes chacune.
[15] C’était samedi.
[16] Les tirailleurs étaient fantassins des troupes coloniales françaises. Les tirailleurs des pays d’Afrique subsaharienne étaient généralement appelés tirailleurs sénégalais. Cf. « Tirailleur » sur Wikipédia. On sait que parmi les tirailleurs qui se trouvaient à Boucq, au moins deux étaient Marocains, deux Sénégalais et un Ivoirien. Cf. liste des morts et fusillés du bataillon Inter-allié de Boucq-Trondes du 25 septembre 1944, SHD, GR 19 P 54/24, vue 103.
[17] Pierre Terrot est né le 24 octobre 1922 à Corps (Isère). Il s’est engagé dans l’armée en 1942 à Grignan (Drôme). En grade de sergent du 2e régiment d’infanterie coloniale, avec ses tirailleurs, il fait des coupes de bois dans la forêt de la Reine pour le compte de l’Administration des eaux et forêts, qui fait partie intégrante de l’armée à partir d’avril 1875. Cf. fiche de renseignements sur Pierre Terrot et la section III du formulaire de demande de certificat d’appartenance de Pierre Terrot aux FFI, SHD, GR 16 P 565558. Cf. aussi « Histoire de l’Administration des Eaux et Forêts en France » sur Wikipédia.
[18] Rapports n° 40/4 du capitaine de la gendarmerie nationale Villanneau du 14 juin 1944 et n° 2157-BR/MF du commissaire de police faisant fonction de chef de service des renseignements généraux de Nancy du 22 juin 1944, AD54, 2496 W 202. Rapport n° 8831 de l’inspecteur de police judiciaire de Nonancourt du 23 août 1945, op. cit. Le rapport n° 40/4 parlait de l’intention des soldats allemands de ramener les prisonniers au frontstalag de Commercy, mais il n’y avait pas de frontstalag. Ces trois rapports parlaient de tirailleurs sénégalais, mais on sait qu’au moins deux d’entre eux étaient marocains. Netchayev G., Dans les forêts de Lorraine, op. cit., p. 88, mentionne la libération par le détachement Stalingrad de Sénégalais et d’Algériens d’un camp de concentration près du village de Boucq en mai 1944. Cependant, il y avait aussi des Marocains parmi eux et ils n’étaient pas dans un camp de concentration, mais étaient cantonnés dans une maison à Boucq (cf. rapport n° 10872 de l’inspecteur de police de sûreté Lardonnais du 12 juillet 1944, AD54, 2496 W 94, p. 3), qui n’était pas gardée. Ils s’en sont échappés non pas en mai, mais le 10 juin 1944. L’inspecteur Lardonnais avait contacté le stalag de Nancy et s’était enquis du motif du rappel des tirailleurs de Boucq. Ils connaissaient les tirailleurs, mais ils n’ont rien rapporté de précis.
[19] Détermination des zones de combat de l’unité FTP du sous-secteur de Domgermain : Questionnaire FFI, SHD, GR 19 P 54/25, vue 23.
[20] Les fonctions d’Auguste Guillaume sont indiquées dans ibid. et dans le relevé des services de Marcel Blanque, SHD, GR 16 P 64034.
[21] Maquis 15 : Récit de Fernand Nédélec, Espace de Mémoire Lorraine 1939-1945 (http://espacedememoire.fr/maquis15.html, date de visionnage 20.5.2022). Cf. aussi le questionnaire FFI de détermination des zones de combat de l’unité FTP du sous-secteur de Domgermain, op. cit. Marcel Blanque est né le 22 décembre 1917 à Chaudeney-sur-Moselle. Il s’est engagé dans l’armée en 1937 à Nancy. Après son retour de captivité en 1941, il devient membre de la Résistance à la fin de cette année-là. Il a hébergé et nourri de nombreux prisonniers russes et français de passage à Boucq. Il participe à la préparation et l’exécution de la fuite des tirailleurs prisonniers de guerre de Boucq le 10 juin 1944. Il commandait le maquis de Domgermain formé avec la moitié des tirailleurs évadés. Le 12 juillet, les Allemands ratissent les bois. Un tirailleur prend la fuite et est arrêté à Boucq. Par la suite, le maquis se déplace, contournant Blénod-lès-Toul, vers le secteur de Rigny-Saint-Martin, où le maquis 15 a été formé. Marcel Blanque a participé à la destruction du pont de la rigole du canal de la Marne au Rhin au-dessus de la voie ferrée et à plusieurs sabotages ferroviaires à l’aide d’explosifs. Le 31 août 1944, il participe à un engagement contre les éléments blindés allemands aux environs de Toul, et le 4 septembre 1944, à la libération de Villey-Saint-Étienne. Pour son courage, le colonel Grandval lui a décerné la Croix de guerre avec une étoile d’argent. Cf. relevé des services de Marcel Blanque, op. cit., fiche de renseignements sur Marcel Blanque et l’ordre n° 37 de la division du colonel Grandval du 12 mai 1945, SHD, GR 16 P 64034.
[22] La carte montre qu’à partir de Lay-Saint-Remy commence un tronçon s’étendant sur environ 1 km à l’est, que la voie ferrée et le canal traversent sous terre. Très probablement, ce groupe l’a traversé.
[23] Domgermain est situé à environ 1 km à l’est de Val-de-Passey.
[24] Procès-verbal n° 1461/9 des déclarations de Jean Kneppert du 20 juillet 1945, AD54, 2101 W 16, dossier 12, sous-dossier 6, feuille 19 (p. 2).
[25] Procès-verbal n° 1461/8 des déclarations de Lucien Laneque du 19 juillet 1945, AD54, 2101 W 16, dossier 12, sous-dossier 6, feuille 20. Rapport n° 8831 de l’inspecteur de police judiciaire de Nonancourt du 23 août 1945, op. cit.
[26] Il s’agit de routes D10 et D908. Le cantonnement des tirailleurs se trouvait dans la maison voisine de celle des époux Maille. Cf. rapport n° 10872 de l’inspecteur de police de sûreté Lardonnais du 12 juillet 1944, op. cit., p. 3.
[27] Ibid., pp. 1-3.
[28] Rapport du FFI Gilbert Baudin sur le maquis de Boucq du 7 septembre 1944, op. cit. Procès-verbal n° 1461/9 des déclarations de Jean Kneppert du 20 juillet 1945, op. cit.
[29] Ces maisons étaient généralement construites près de la lisière de la forêt.
[30] Rapport n° 10872 de l’inspecteur de police de sûreté Lardonnais du 12 juillet 1944, op. cit., p. 4.
[31] Rapport n° 45/4 du capitaine de gendarmerie Villanneau du 17 juin 1944, AD54, 2496 W 93.
[32] Fiche posthume de renseignements de Ha[ï]k Tbirian, op. cit.
[33] Ils ont été abattus non loin de l’ancien lieu de travail des tirailleurs. Cf. rapport n° 10872 de l’inspecteur de police de sûreté Lardonnais du 12 juillet 1944, op. cit., p. 4.
[34] La section III du formulaire de demande de certificat d’appartenance de Pierre Terrot aux FFI, op. cit. Rapport n° 58/4 du capitaine de gendarmerie Villanneau du 5 juillet 1944, AD54, 2496 W 94. Le rapport n° 8831 de l’inspecteur de police judiciaire de Nonancourt du 23 août 1945, op. cit., p. 2, indique que la Feldgendarmerie a amené leurs corps à la morgue de Toul. Le nom du tirailleur Lahcem ben Hossine, qui accompagnait le sergent Terrot, a été inscrit sur le monument érigé face à la mairie de Boucq. Dans un autre document, il est nommé Lhassen. Cf. la fin tragique d’une partie du bataillon Inter-allié : Unités placées sous le commandement du commandant « Brunetto » du 17 novembre 1944, SHD, GR 16 P 482066.
[35] Information n° 2284 — BR/VP du 1er juillet 1944, AD54, 2496 W 183.
[38] Message téléphonique émis de la gendarmerie de Toul le 9 juillet 1944 à 12h35, AD54, 2496 W 94.
[39] Rapport n° 8831 de l’inspecteur de police judiciaire de Nonancourt du 23 août 1945, op. cit.
[40] Procès-verbal n° 1461/7 des déclarations d’Auguste Petitjean du 19 j[uillet] 1945, AD54, 2101 W 16, dossier 12, sous-dossier 6, feuille 21.
[41] Pierre Martel est né le 9 novembre 1923 à Troussey (Meuse). Cf. procès-verbal n° 1784/1 des déclarations de Pierre Martel (dit « Claude ») du 14 août 1944, AD54, 2101 W 17, dossier 13, sous-dossier 1, p. 1.
[42] Il fut quelque temps domestique agricole des parents de Pierre Martel. Cf. procès-verbal n° 1461/21 des déclarations de Pierre Martel du 27 juillet 1945, AD54, 2101 W 16, dossier 12, sous-dossier 6, feuille 4 (p. 1). Dorothé Escudero s’est engagé volontairement pour la campagne 1939 dans la Légion étrangère et a été affectée au 11e [régiment d’infanterie] étrangère. Puis il a travaillé pour la Résistance à Bordeaux. Dans le maquis de « Hardy » il a assuré le ravitaillement en vivres, armes et munitions. Cf. l’ordre n° 35 du colonel Grandval de la division de l’attribution à titre posthume de la Croix de guerre avec étoile d’argent à Dorothé Escudero, SHD, GR 16 P 211016.
[43] Jean Kneppert est né le 23 juin 1927 à Boucq. Après la destruction du maquis de Haïk Ter-Dpirian, il a rejoint le maquis 15. Son appartenance aux FFI n’est pas homologuée. Cf. procès-verbal n° 1461/9 des déclarations de Jean Kneppert du 20 juillet 1945, op. cit., et lettre n° 1647 du 26 novembre 2001, SHD, GR 16 P 321210.
[44] Procès-verbal n° 1784/1 des déclarations de Pierre Martel du 14 août 1944, op. cit., pp. 1 et 2.
[45] Selon le rapport n° 3115 du commissaire de police, chef du service des renseignements générau[x] du 17 juillet 1944, AD55, 1251 W 1279, le 17 juillet à 1h15, 5 individus armés ont ligoté deux requis civils de garde à l’aqueduc de Troussey et leur ont enlevé un fusil de chasse et 3 cartouches. À 1h30, ils ont désarmé trois requis civils à l’écluse n° 1 proche de Troussey et sont emparés d’un fusil de chasse et de deux cartouches.
[46] Le 28 septembre 1943, en raison d’un sabotage effectué par des résistants, la dernière arche du pont côté Nancy a été en grande partie détruite, la culée fortement ébranlée. La navigation sur le pont-canal de Troussey a repris le 18 décembre 1943. Cf. action dirigée de la Résistance avant et après le débarquement : synthèse de la DGER (direction générale des études et recherches), AN, AG/3(2)/238, dossier 6, p. 42.
[47] Selon le même rapport n° 3115, à 1h45 au pont canal de Troussey (canal de la Marne au Rhin), trente individus armés de mitraillettes, revolvers et grenades ont désarmé trois requis, se saisissant d’un fusil de chasse et de trios cartouches. Les deux élèves gendarmes de garde ont eu leurs deux mousquetons et leurs pistolets enlevés également au cours de la même attaque.
[48] Procès-verbal n° 1784/1 des déclarations de Pierre Martel du 14 août 1944, op. cit., pp. 2 et 3.
[49] Selon Lario Plinio, il s’agissait d’une mitraillette Thompson. Cf. rapport général d’activité des unités sous le commandement du commandant « Brunetto » du 31 juillet 1944, SHD, GR 16 P 482066. Il s’agit d’une mitraillette américaine, inventée en 1917. Cf. « Thompson (pistolet-mitrailleur) » sur Wikipédia.
[50] Selon le rapport n° 3115 du commissaire de police, chef du service des renseignements générau[x] du 17 juillet 1944, op. cit., un détachement de 18 GMR en patrouille à proximité du pont canal de Troussey fut presque totalement désarmé par le même groupe d’individus. Ceux-ci s’étaient saisis une mitraillette avec une boite chargeur, 8 mousquetons et 18 chargeurs, 20 pistolets automatiques avec leurs chargeurs. Cependant, le rapport n° 58 de secteur 15 du 20 juillet 1944, AN, AG/3(2)/237, dossier 4, p. 5, mentionne une mitraillette, 5 mousquetons et 5 pistolets.
[51] Procès-verbal n° 1784/1 des déclarations de Pierre Martel du 14 août 1944, op. cit., p. 3. Selon le rapport général d’activité des unités sous le commandement du commandant « Brunetto » du 31 juillet 1944, op. cit., au cours de cette opération, un total d’une mitraillette Thompson, 400 cartouches, 12 mousquetons, 18 pistolets 7,65 mm et 360 cartouches, 5 revolvers à barillet 9 mm et 12 fusils de chasse furent récupérés.
[52] Procès-verbal n° 1784/1 des déclarations de Pierre Martel du 14 août 1944, op. cit., pp. 3 et 4. Il s’agit de tickets pour 300 kg de pain. Cf. la liste des vols en juillet [1944], AD54, 2496 W 94, p. 5.
[53] Mémoire de proposition pour Croix de guerre à Louis Auguste Perial, SHD, GR 16 P 466711.
[54] L’ordre n° 35 du colonel Grandval, op. cit.
[55] Procès-verbal n° 1461/9 des déclarations de Jean Kneppert du 20 juillet 1945, op. cit.
[56] Il s’agit de Marcel Heiderich, né le 16 avril 1926 à Aulno[is]-sous-Vertuzey (Meuse), Guy Vercella, né le 19 août 1926 à Sorcy (Meuse) et Albert Villemain, né le 18 juin 1925 à Bruyères (Vosges), arrêtés [avant le 1er août 1944] pour activité terroriste, vol et tentative de vol. Cf. le rapport mensuel du commissaire divisionnaire, chef du service régional de police de sûreté du 1er août 1944, AD54, 2496 W 94, p. 15.
[57] Procès-verbal n° 1784/1 des déclarations de Pierre Martel du 14 août 1944, op. cit., pp. 6 et 7.
[58] Rapport du sous-préfet de Toul du 25 juillet 1944, AD54, 2496 W 94.
[59] Procès-verbal n° 1784/1 des déclarations de Pierre Martel du 14 août 1944, op. cit., p. 7.
[60] La date a été précisée avec la liste des vols pour la période du 1er au 21 août 1944, AD54, 2496 W 86, p. 1.
[61] Procès-verbal n° 1784/1 des déclarations de Pierre Martel du 14 août 1944, op. cit., p. 4.
[62] Ordre du commandant départemental des FTP de la région 2 de l’interrégion 21 du 2 août 1944, SHD, GR 16 P 482066.
[63] La date a été précisée avec le procès-verbal des déclarations de Paul Guise (dit « Pierre ») du 14 août 1944, AD54, 2101 W 17, dossier 13, sous-dossier 1, p. 4.
[64] Procès-verbal n° 1784/1 des déclarations de Pierre Martel du 14 août 1944, op. cit., p. 7.
[65] Paul Lucien Guise est né le 14 juin 1921 à Nancy. Cf. procès-verbal des déclarations de Paul Guise du 14 août 1944, op. cit., p. 1.
[66] Service du travail obligatoire.
[67] Elle a travaillé à la Feldkommandantur de Toul. Cf. l’information n° 3075 du commissaire de police faisant fonction de chef de service des renseignements généraux [à] Nancy sur la destruction du maquis de Trondes – Boucq du 19 août 1944, AD54, 2496 W 202.
[68] Procès-verbal des déclarations de Paul Guise du 14 août 1944, op. cit., pp. 1 et 2. S’il s’agit de Caporal ordinaire, dont un paquet coûtait 14 francs, et un paquet de cigarettes correspondantes coûtait 12 francs, alors ils dû payer 1 500 francs. Cf. Le relèvement des prix du tabac, Le Grand écho du Nord de la France, 30 mai 1944, p. 1.
[69] Albert Benjamin Priouret est né le 17 août 1898 à Pagny-sur-Meuse. Cf. le certificat d’appartenance aux FFI du 11 février 1948, SHD, GR 16 P 491620. Il était l’inspecteur-chef. Cf. l’information n° 3075 sur la destruction du maquis de Trondes – Boucq du 19 août 1944, op. cit.
[70] Il était inspecteur stagiaire, ibid.
[71] Il était entrepreneur, ibid.
[72] Qu’il avait abandonnée avec son enfant, ibid.
[73] Il a fourni aux maquisards le plan des burea[ux] de la délégation régionale des renseignements généraux, ibid.
[74] Quand « Hardy » demanda au commissaire et à ses inspecteurs s’ils acceptaient de servir sous ses ordres, ils acquiescèrent, à l’exception de l’inspecteur Eustache, qui se récusa, ibid.
[75] Procès-verbal des déclarations d’André Bach du 14 août 1944, AD54, 2101 W 17, dossier 13, sous-dossier 1, pp. 2 et 4. Cf. aussi le procès-verbal des déclarations de Paul Guise du 14 août 1944, op. cit., p. 2.
[76] Son vrai nom est probablement Georges Burel. Cf. rapport du commissaire divisionnaire du 29 novembre 1944, AD54, 2101 W 17, dossier 13, sous-dossier 1.
[77] Procès-verbal n° 1784/1 des déclarations de Pierre Martel du 14 août 1944, op. cit., pp. 4 et 5.
[78] Extrait du registre de décès de l’état-civil de la ville de Toul, acte de décès de Gabriel Blotiau, le 12 août 1944, délivré le 5 mars 1946, et feuille de renseignements sur Gabriel Blotiau inhumé au cimetière de Toul délivré le 22 octobre 1945, SHD, AC 21 P 314632.
[79] Information n° 3075 sur la destruction du maquis de Trondes – Boucq du 19 août 1944, op. cit.
[80] Il était de 32 ans, taille 1 m 75 cm, brun, corpulence svelte, tatoué jusqu’aux poignets, récidiviste, probablement de Foug ou des environs, il a été au Bataillon d’Afrique, était marié et a deux enfants. Cf. procès-verbal des déclarations de Paul Guise du 14 août 1944, op. cit., p. 4.
[81] André Bach croyait que les maquisards emportaient une caisse contenant environ 10 kg de beurre. Cf. le procès-verbal des déclarations d’André Bach du 14 août 1944, op. cit., p. 3.
[82] Procès-verbal des déclarations de Paul Guise du 14 août 1944, op. cit., p. 2.
[83] Ibid., p. 3. André Bach a vu une dizaine d’étrangers armés de revolvers et de fusils traversant le camp. Cf. le procès-verbal des déclarations d’André Bach du 14 août 1944, op. cit., p. 4. Il s’agit très probablement du détachement Gelezniak qui, au plus tard le 24 août 1944, se trouvait dans les environs du village d’Allamps (Meurthe-et-Moselle), à 19 km au sud de Trondes. Cf. le rapport du chef de bataillon « André » [sur les activités du] détachement Gelezniak, SHD, GR 16 P 482066.
[84] Jean Auguste Mangin (« César ») est né 12 juin 1913 à Maixe (Meurthe-et-Moselle). Cf. certificat d’appartenance de Jean Auguste Mangin aux FFI du 9 mars 1948, SHD, GR 16 P 389451.
[85] Procès-verbal des déclarations de Paul Guise du 14 août 1944, op. cit., p. 3. Information n° 3075 sur la destruction du maquis de Trondes – Boucq du 19 août 1944, op. cit. Claude, Willemouth, Faubel et Antoine étaient les agents de police et Massin était le secrétaire de police. Le beau-frère de Mangin n’appartenait pas à la police. Cf. ibid.
[86] Il rejoignit le bataillon de Haïk Ter-Dpirian le 10 août 1944. Cf. le formulaire de demande d’homologation de grade FFI de Jean-Marie-Alphonse Brange du 27 janvier 1947, SHD, GR 16 P 87832. Le même jour, Marcel Robinet a rejoint le bataillon. Cf. le certificat d’appartenance Marcel Robinet aux FFI du 7 mai 1948, SHD, GR 16 P 515331.
[87] Procès-verbal des déclarations de Paul Guise du 14 août 1944, op. cit., p. 3. Procès-verbal n° 1784/1 des déclarations de Pierre Martel du 14 août 1944, op. cit., pp. 5 et 6. Procès-verbal des déclarations d’André Bach du 14 août 1944, op. cit., pp. 3 et 4. Rapport du commissaire de police de sûreté F[rançois] Billerach du 16 août 1944, AD54, 2101 W 17, dossier 13, sous-dossier 1. Formulaire de demande d’homologation de grade FFI de Jean-Marie-Alphonse Brange du 27 janvier 1947, op. cit., p. 5. Rapport n° 649 D du commandant Palaric, écrit au plus tard le 21 août 1944, AD54, 2101 W 17, dossier 13, sous-dossier 1.
[88] Ibid.
[89] Rapport du médecin auxiliaire Barbier du GMR Poitou du 16 Août 1944 et rapport n° «314/SM» du médecin régional Sorlat de la police de Nancy du 19 Août 1944, AD54, 2101 W 17, dossier 13, sous-dossier 1.
[90] Procès-verbal des déclarations d’Alfred Leconte du 15 août 1944, le même sous-dossier. Certificat de l’interne P. Pietra du Hôpital central du 16 août 1944, le même sous-dossier. Rapport n° 17191 du commissaire de police F[rançois] Billerach du 18 août 1944, le même sous-dossier. Les maquisards ont désarmé un total de 6 personnes dans la caserne des GMR en Jarville. Cf. rapport n° 17391 du commissaire divisionnaire, chef du service régional de police de sûreté du 19 août 1944, le même sous-dossier.
[91] Dans ce plan, la porte n’est pas correctement positionnée. Elle aurait dû être représentée beaucoup plus à droite, pour que tout le mur latéral de la cuisine soit visible.
[92] C’est maintenant la maison n° 11 de la rue Général Leclerc.